Une voix pour ceux qui en ont le plus besoin

Dans le cadre d’une série d’interviews et d’articles rendant hommage à l'équipe d'anciens soignants d’Ascom et à l’Année internationale des sages-femmes et du personnel infirmier décrétée par l’OMS, Nico Kok, expert santé exprime sa vision sur les perspectives en soins gériatriques.

septembre 15, 2021

Nico Kok a une personnalité qui semble destinée aux soins de santé : calme, confiant, rassurant. Il n’est donc pas surprenant d’apprendre que lorsqu'il était adolescent et voulait devenir étudiant à l’Université de technologie de Delft, il rêvait d'associer technologie et interaction humaine. « Eh bien, » il sourit devant son café et ses gaufres "stroopwafels" dans le bureau de sa maison près d’Utrecht, dans le centre des Pays-Bas. « J’ai finalement fait ce qu’il fallait et j’ai suivi mon coeur... et, à 19 ans, je suis entré à la faculté de sciences infirmières.» Mais il n'a cependant pas entièrement laissé la technologie derrière lui. « Car ce n’est même pas envisageable dans les soins de santé modernes ! », s'exclame-t-il. « La profession est imprégnée de high-tech, certaines spécialités plus que d’autres. Mais lorsque j’ai opté pour une carrière dans la santé, j’avais toujours eu à l’esprit de revenir à mon souhait d’exploiter la technologie au profit du personnel soignant et des patients. »

Nico Kok IDE, expert santé chez Ascom pour le secteur Maison de retraite/EHPAD des régions Allemagne, Autriche et Suisse

La boucle est bouclée 

Après cinq ans de formation, ponctuée par une période dans le corps médical de l'armée, Nico Kok a déménagé à Rotterdam pour occuper son premier poste d’IDE qualifié dans le domaine des soins à domicile. « C’était une expérience formidable », se souvient-il. « On m'a donné un vélo et on m'a envoyé vérifier comment se portaient les personnes âgées, les nouveau-nés, les diabétiques, les personnes en convalescence. C’était vraiment les soins infirmiers communautaires dans ce qu'il y a de mieux. Sans technologie... mais super efficace. Et le tout réalisé avec pratiquement zéro administration ! Sauf qu’à l’époque, ce n’était pas une aspiration : c’était vraiment sans papier. Nous étions concentrés sur les soins, sans fioritures, là ces soins étaient nécessaires. En fait, j’ai bouclé la boucle... maintenant, j’utilise la technologie Ascom pour atteindre le même objectif ! ».

Besoin de défenseurs

 L’un des points forts de sa formation IDE a été une expérience de six mois avec des enfants au célèbre Erasmus University Medical Center de Rotterdam. « Sans aucun doute », déclare Kok. « Ça peut paraître un peu cliché, mais c'est vrai que nous avons tous – pas seulement dans les soins de santé – tellement à apprendre des enfants. Ils sont une véritable source d'inspiration. » L’expérience de Nico Kok avec des enfants malades à l'hôpital de Rotterdam a marqué son parcours professionnel qu’il suit encore aujourd'hui. « C'est une manière de voir les choses. Je ne suis pas resté dans les soins pédiatriques. Mais je suis devenu extrêmement intéressé par procurer des soins à ceux qui en ont le plus besoin : les enfants, les patients en phase terminale, ceux fragiles ou atteints de démence, ceux qui ont besoin de fervents et de fidèles défenseurs face aux systèmes de santé actuels technocratiques.» 

Une transition vers les soins gériatriques

Les intérêts professionnels de Nico Kok l’ont finalement vu passer aux soins gériatriques.

« J’ai commencé comme directeur des soins infirmiers dans un établissement pour personnes âgées aux Pays-Bas. Mais j’ai fait en sorte de ne pas être scotché à mon bureau ; j’ai veillé à associer le management aux soins pratiques. » Nico Kok a progressivement étendu ses activités à la formation et à l’éducation du personnel en gériatrie, en soins généraux, à domicile et à destination des personnes handicapées. Il dirigeait sa propre entreprise lorsqu'on lui a proposé de rejoindre Ascom il y a huit ans. « Encore une fois, je me suis tourné vers mon véritable centre d’intérêt, et après un certain temps dans le domaine purement commercial des ventes, j'ai évolué vers les soins aux personnes âgées dans un poste de consultation au lieu de ventes. J’ai retrouvé mon chemin. »

Réorientation vers les soins aux personnes âgées

Depuis sa place de témoin privilégié à son rôle d’interface dans la technologie et des soins aux personnes âgées, Nico Kok décèle-t-il des tendances ou des schémas émergents ? « En fait, la crise du Covid-19 a vraiment attiré notre attention sur de nombreux problèmes. Je parle de nous qu’en tant que société. Nous avons négligé beaucoup trop de questions beaucoup trop longtemps. » Parmi ces questions figurent le rejet général de la société en matière de soins aux personnes âgées, ce que Nico Kok appelle de manière mémorable « l'hôpital light ». « Et oui... c'est moins glamour que certains autres domaines. Mais ce qui m’a toujours déconcerté, c’est que les gens veulent exercer dans des endroits où ils ne veulent pas aller ! Personne ne veut finir en tant que patient dans une unité de soins intensifs, mais les soignants diplômés se battent pour y travailler. D'un autre côté, nous voulons tous vivre longtemps et vieillir... mais personne ne veut être soignant en soins gériatriques ! ».

Un piège démographique

« En Europe occidentale et en Amérique du Nord, nous nous dirigeons les yeux fermés dans un piège démographique depuis des décennies. Nous ne nous sommes tout simplement pas préparés pour faire face au nombre de personnes âgées qui nécessiteront des soins à long terme très coûteux. Il suffit d'observer l’augmentation constante du nombre de patients atteints de démence. Et nous ne nous sommes certainement pas préparés aux défis auxquels nous sommes confrontés en matière d’emploi. Le recrutement de personnel est déjà un problème dans les pays développés.» Mais la technologie nous aidera... c’est certain. « Mais la technologie seule n’est qu’une partie d’une réponse beaucoup plus vaste qui nécessitera un financement important et des changements sociaux. » Avec le vieillissement rapide de la population, de plus en plus de personnes ne faisant pas partie du secteur de la santé vont faire face à des difficultés pour prodiguer au moins quelques soins à leurs proches, souffrant de démence. Quels sont les commentaires de Nico Kok à ce sujet ? « C’est un problème de taille qui comprend de nombreux facteurs. Mais chez Ascom, nous travaillons d’arrache-pied pour supporter trois composantes clés : les patients, leurs familles, les soignants. Voyez-vous, le problème de la démence (ou de tout déficit cognitif chronique significatif) est que les patients sont au sens propre comme au sens figuré privés de leur capacité à prendre soin d’eux. Cela pousse les membres de leur famille dans la position peu enviable de prendre soin des patients, ce qui est relativement simple, mais aussi de penser activement à leur place. » 

Beaucoup de choses sont déjà possibles

Cet aspect « préventif » des soins est, selon Nico Kok, un domaine particulièrement prometteur auquel la technologie peut fortement contribuer. « La technologie existante permet déjà de nombreux accomplissements avec des détecteurs de mouvement, des systèmes de gestion de fugue, etc. Je pense qu’il est imprudent d'essayer de prédire comment la technologie va se développer à court et moyen terme. Par exemple, il n’est pas encore possible de guérir la maladie d’Alzheimer. Mais nous espérons être proches de trouver des médicaments qui pourraient considérablement ralentir sa progression. Un tel développement pourrait avoir d'importantes répercussions sur la demande de soins à domicile, ce qui stimulerait à son tour la recherche et le développement de produits dans ce secteur. » 

Changements dans les soins infirmiers

Au-delà de la technologie, Nico Kok anticipe-t-il d’autres changements majeurs ?

« Je pense que nous observons un changement progressif plutôt qu’un bouleversement révolutionnaire. Mais l’une des choses qui a déjà commencé à changer, en grande partie grâce au Covid-19, est le statut du personnel infirmier en tant qu’individu et des soins infirmiers en tant que profession. » Nico Kok ajoute qu’il est difficile de parler de quelque chose de « positif » découlant d’une telle tragédie mondiale. Mais, ajoute-t-il, ce rappel à la réalité a montré à notre société de qui nous dépendons vraiment lorsque les choses tournent mal. « Espérons seulement que la société et les responsables politiques se souviennent de notre personnel soignant et des sacrifices que cette communauté mondiale a faits. La Covid-19 sera vaincue un jour. Il y a toujours un autre grand méchant virus qui nous attend... mais il y a aussi un personnel soignant prêt à le combattre ! »

 

 

Retour à la page blogs