Ne fermons pas les yeux sur le problème du bruit à l’hôpital

Une tribune Carlos Jaime, Directeur Général d’Ascom France & Spain

Une tribune Carlos Jaime, Directeur Général d’Ascom France & Spain

septembre 6, 2021

Le problème du bruit en hôpital est connu depuis plusieurs décennies. Malgré les alertes émises régulièrement par des experts et des études scientifiques, le problème n’a commencé à être pris en compte que très récemment. Aujourd’hui, une des pistes pour réduire le bruit dans les services critiques de santé s’impose : la centralisation et la gestion individualisées des alarmes.

Bruits de sonneries de téléphones, d’alarmes multiples, conversations entre soignants… Les établissements de santé sont parfois des endroits bruyants. Un bruit qui peut devenir une vraie nuisance, une source de stress pour les patients comme pour les soignants chez qui, avec l’augmentation de la fatigue physique, cela peut générer un déficit de concentration et augmenter le risque d’erreur médicale.

Le bruit, un problème scientifiquement prouvé

Des études scientifiques soutiennent cette idée : le bruit nuit à la récupération des patients, même si, heureusement, il ne va pas jusqu’à nuire à leur pronostic. Le problème est connu mais la situation tend à s’empirer. Ainsi, une étude menée à l’hôpital John Hopkins montre que les hôpitaux sont de plus en plus bruyants depuis les années 1960, passant en moyenne de 57 à 72 décibels de jour et 42 à 60 décibels de nuit.

C’est trop : l’OMS recommande depuis 2 000 que le bruit soit limité à 35 décibels au maximum dans les chambres occupées par les patients. Autre exemple en France : les ARS du Centre et du Limousin ont montré en 2013 que, dans les services de néonatologie, les nourrissons pouvaient être exposés à des niveaux allant jusqu’à 70 décibels sur plusieurs heures consécutives, avec des pointes à 120 décibels. Relevons que 120 décibels représentent le seuil de douleur avec des risques immédiats pour l’audition comme les acouphènes. 

Le bruit, un facteur de stress selon les soignants

A titre comparatif, un lave-linge émet 45 décibels, une conversation normale 60, et une tondeuse 70. Une étude de 2019 montrait ainsi sans surprise que, pour les personnes âgées admises aux urgences, le bruit est la principale source de perturbation du sommeil. Le bruit était d’en moyenne 61.3 décibels. 

A l’hôpital, le bruit est considéré par les soignants comme l’un des principaux facteurs de stress au travail. Si bien que, en mesurant le bruit dans une salle de régulation, le Dr Abdo Khoury, président de la Société européenne de médecine d’urgence, a observé un bruit supérieur à 52 décibels quasiment en permanence. Aujourd’hui, il souhaite poursuivre ses recherches à plus grande échelle pour en tirer des recommandations portant sur l’architecture et l’organisation afin de réduire le bruit dans les services d’urgence. 

Une bonne gestion des alarmes pour améliorer le confort des patients et des soignants

La problématique du bruit, notamment en provenance des alarmes, est un problème commun aux soignants et aux patients. Pour y remédier, une première étape consiste à mettre en place un socle informatique robuste et interopérable avec l’ensemble des équipements d’un établissement de santé. L’objectif étant de pouvoir centraliser l’ensemble des alarmes (appels infirmières, suivi des constantes vitales…) pour pouvoir en temps réel les répartir de façon ciblée auprès des personnels concernés et diminuer ainsi drastiquement les bruits parasites. On parle de système “intelligent”. Chaque soignant décide ensuite en un simple clic d’accepter ou de refuser l’action, et l’alerte est redirigée vers un nouveau soignant jusqu’à ce que l’un d’entre eux l’accepte. Pour finir, l’alerte sera traitée et la traçabilité du soin dispensé sera assurée. 

Cette infrastructure, qui récolte les informations et dispatche les missions, est la colonne vertébrale d’une nouvelle organisation. L’alarme n’est plus générale mais transformée en un message ciblé auprès d’un ou d’un groupe de soignants. Les équipes ne perdent plus de temps à faire des arbitrages parfois risqués en triant les alarmes. Et parce que l’alarme est accompagnée des informations pertinentes au traitement de l’action, le soignant qui la prend en charge peut directement se rendre sur place sans avoir à faire un détour pour aller chercher le dossier patient. C’est un gain de temps considérable dans un contexte particulier de tension lié à l’augmentation de l’activité et à la réduction du personnel soignant disponible.

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